Conjoncture Crédit & Immobilier – 3ᵉ trimestre 2025 : un marché sous tension face au tournant budgétaire
Le 3ᵉ trimestre 2025 marque un moment décisif pour l’économie française, le marché du crédit et l’immobilier. Entre un plan budgétaire 2026 d’une ampleur inédite, une reprise du crédit qui s’essouffle, et un immobilier encore en quête d’équilibre, les signaux sont contrastés.
Ce qu’il faut retenir : l’État engage un virage majeur, les taux se stabilisent mais n’annoncent pas d’assouplissement durable, et les marchés immobiliers — neuf comme ancien — évoluent lentement vers une normalisation.
Un budget 2026 sous haute tension : le “moment de vérité” pour les finances publiques
Le Premier ministre François Bayrou a présenté un plan de 44 milliards d’euros d’économies destiné à ramener le déficit public à 4,6 % du PIB en 2026.
Un tournant assumé, après plus de 50 ans de déficit permanent.
Mesures phares du plan Bayrou
- Gel des budgets ministériels en 2026, hors Défense.
- Année blanche : prestations sociales désindexées, barème de l’impôt sur le revenu gelé.
- 3 000 suppressions de postes dans la fonction publique.
- 5 Md€ d’économies sur la santé : franchises doublées, lutte contre les arrêts maladie abusifs.
- 5,3 Md€ d’efforts demandés aux collectivités.
- Suppression proposée de deux jours fériés (Lundi de Pâques et 8 mai).
- Réformes attendues : assurance chômage, droit du travail, allocation sociale unifiée.
Pourquoi agir maintenant ?
La dette dépasse désormais 3 300 Md€, avec une charge d’intérêts qui flirte avec 60 Md€, dépassant les budgets de l’Éducation ou de la Défense.
La France doit impérativement préserver sa souveraineté budgétaire pour éviter un choc de financement.
Livret A : la baisse du taux à 1,70 % dès le 1ᵉʳ août, un risque pour l’épargne… mais un soutien au logement social
Le rendement du Livret A baisse de 2,40 % à 1,70 %, une mauvaise nouvelle pour les épargnants.
Mais cette diminution permet aux organismes HLM d’emprunter à moindre coût.
➡️ Impact positif sur :
- la construction de logements sociaux,
- la rénovation énergétique,
- le financement des collectivités.
Cette décision apporte un peu d’oxygène à un secteur en grande difficulté.
Crédit immobilier : une reprise qui s’essouffle déjà
Après un rebond technique début 2025, le marché ralentit.
Chiffres clés du semestre :
- -29 % de prêts accordés vs la moyenne 2016-2019.
- -39 % de production sur la même comparaison.
- Sur 12 mois glissants : +24 % de production, mais rythme en ralentissement.
Durées d’emprunt record
Les ménages continuent de souscrire sur des durées longues, reflet d’un pouvoir d’achat contraint.
Taux immobiliers : une stabilisation fragile
Malgré la baisse du taux directeur de la BCE à 2,15 %, les taux :
- ne baissent plus,
- restent freinés par le coût des ressources des banques et des taux obligataires élevés.
Perspectives :
- Peu d’espoir d’une baisse durable des taux avant 2026.
- Possibilité d’offres promotionnelles bancaires ponctuelles… mais très sélectives.
- Risque accru d’un léger rebond des taux en 2026.
Immobilier neuf : une activité toujours en crise
Les chiffres restent alarmants :
- 31 200 autorisations en mai 2025 (–19 % vs pré-Covid).
- Sur un an : 346 300 logements autorisés (–25 % vs avant crise).
- 284 200 logements mis en chantier, soit un déficit de 22 %.
Maison individuelle : un secteur fragilisé
Le marché souffre d’une baisse de la demande, de coûts en hausse et de difficultés d’accès au crédit.
➡️ L’élargissement du PTZ en 2025 est une lueur d’espoir, avec un potentiel de relance ciblé.
Immobilier ancien : stabilisation progressive mais sans rebond
Les volumes se tassent légèrement mais montrent des signes d’accalmie.
- 803 000 transactions sur 12 mois à fin février 2025
- VS –23,4 % un an plus tôt
- Niveau comparable à 2016, loin des années records
Les signaux observés chez les professionnels :
- Retour des primo-accédants : 27 % (+7 pts en un an)
- Recul des investisseurs : 9 % (vs 15 % en 2023)
- Seniors moins présents parmi les acheteurs
- Prix globalement stables
- Marge de négociation en légère baisse : –5,4 %
Le marché reste marqué par l’attentisme (prix jugés trop élevés, incertitudes macro, conditions de crédit strictes).
Sociologie des vendeurs : un marché transformé par le vieillissement
Les personnes âgées dominent les ventes :
- 50 % des vendeurs ont plus de 60 ans
- 33 % ont plus de 70 ans
- 69 % des vendeurs de passoires thermiques ont plus de 60 ans
La sous-occupation des logements progresse :
- 25 % des ménages vivent dans un logement largement trop grand
- 41 % des maisons individuelles sont concernées
Demain : moins de plus-values
Les vendeurs de la prochaine décennie n’ontura pas connu l’envolée des prix 2015-2021. Les reventes seront moins lucratives, ce qui modifiera les arbitrages.
Perspectives 2025 : une hausse des ventes… mais sans éclat
Selon BPCE :
- 815 000 transactions attendues en 2025 (+2,9 %)
- Légère hausse en promotion : 69 000 ventes
- Rebond plus fort en maisons individuelles : +10 %, mais encore très loin des niveaux de 2020 (178 000 ventes)
Conclusion : un marché à la recherche d’un nouvel équilibre
Le 3ᵉ trimestre 2025 confirme :
- une économie française sous contrainte,
- un crédit immobilier encore bridé,
- un neuf en grande difficulté,
- un ancien qui avance lentement vers la stabilisation,
- une mutation profonde du profil des acheteurs et vendeurs.
La trajectoire 2025-2026 dépendra largement de la capacité des ménages à retrouver du pouvoir d’achat immobilier, de la mise en œuvre du plan Bayrou et de l’évolution des taux européens,






